Guayaki : Quand un arbre debout vaut plus qu’un arbre coupé

Écrit par Laurène Vernay

Le yerba maté était traditionnellement cultivé au Paraguay à l’ombre de la canopée de la forêt Atlantique, dans des conditions naturelles singulières. Pour des besoins de rendements, il a été sorti de la forêt et cultivé en plein champ, en plein soleil. Les feuilles sont devenues plus petites et ont perdu leurs qualités nutritionnelles.

Guayaki (aujourd’hui Yerba Madre) propose du maté en vrac, en canettes et en bouteilles à travers les Amériques, portée par une vision régénératrice.

L’entreprise a décidé de réintégrer le yerba maté là où il développe son plein potentiel, dans la forêt. Cette forêt, en revanche, a été avec les années largement décimée, notamment pour la vente du bois. Pour recréer l’écosystème qui maximise le potentiel du yerba maté, l’entreprise donc dédié une grande partie des revenus de la vente de ses boissons à des actions de reforestations.

Chaque boisson vendue contribue donc à séquestrer plus de carbone qu’elle n’en a émis sur son cycle de vie grâce à ces actions de reforestation associées à la mise en culture du yerba maté. Guayaki a redéfini sa mission comme étant de “donner à l’arbre debout une valeur supérieure à l’arbre coupé”. Elle respecte le principe de création continue en créant les conditions qui maintiennent la capacité du vivant à se régénérer.

Par ailleurs, en s’imposant de ne cultiver son yerba maté qu’à un lieu précis (Forêt Atlantique) qui maximise le potentiel de cette boisson (propriétés nutritives et organoleptiques), Guayaki adopte clairement le principe de croissance limitée: au lieu de considérer la terre comme un réservoir infini de ressources, l’entreprise se dimensionne, en terme de croissance volumique, selon le facteur limitant qu’est la régénération de ses cultures à un endroit précis.

Alors concrètement, comment explorer et comprendre la création continue au sein de mon entreprise et avec son écosystème ?

La première étape consiste à adopter un nouveau regard et à me poser les questions suivantes, pour mieux appréhender cette dynamique.

  • Mon activité crée-t-elle ou maintient-elle les conditions pour que le vivant puisse se régénérer ?
  • Mon entreprise se dimensionne-t-elle au regard d’un “droit de tirage” pour exercer son activité ?
    • En d’autres termes : Ai-je fait la liste des ressources naturelles que j’utilise et qui n’ont pas besoin de l’intervention humaine pour se régénérer (bois, chanvre, coton, poissons, fruits, légumes, épices…)?
    • A quel point ai-je mis en place les conditions (notamment le dimensionnement de ma production) pour laisser à ces systèmes vivants la capacité de se régénérer ?
  • Les conséquences de l’activité de mon entreprise sont-elles compatibles avec ma raison d’être, ma mission sociétale et environnementale ?
  • Si je pousse mon activité au maximum, ma raison d’être est-elle respectée? Ai-je réfléchi aux moyens de découpler l’impact négatif de mes activités avec mon chiffre d’affaires ou ma rentabilité ?
  • Grâce à mon activité, qu’est-ce que je crée qui n’est pas financier ? Avec quels KPI ? (ex : développement d’une communauté, protection d’un lieu, création de liens, comme co-bénéfices prévus ou imprévus de mon activité)