L’interdépendance en action : l’exemple d’Arcadie à Madagascar

Écrit par Laurène Vernay

Les systèmes vivants dépendent les uns des autres…

De l'infiniment petit, à l’infiniment grand, tout est relié, interconnecté, enchevêtré. Rien n’est isolé, tout est continuum de systèmes vivants qui dépendent les uns des autres.

Dans l’océan, le phytoplancton puise dans son environnement des oligoéléments comme les nitrates et les phosphates pour se nourrir. Il absorbe le gaz carbonique avec la lumière du soleil pour fabriquer sa propre matière.

Ce micro-organisme est à la base de toute une chaîne… Le zooplancton dépend du phytoplancton pour se nourrir. Les petits poissons dépendent du plancton. Les gros poissons dépendent des petits poissons. Ce sont les excréments de la plus imposante des espèces, la baleine, qui dégradés en oligoéléments, nourrissent le plus microscopique, le phytoplancton.

Dans le monde des affaires, chaque entreprise est interconnectée et dépendante d'un vaste réseau de parties prenantes : clients, fournisseurs, partenaires, employés... et également des systèmes vivants pour les matériaux, l'eau, l'air que nous respirons tous. Prendre en compte cette interdépendance est une étape clé pour comprendre comment réduire les impacts négatifs et tendre vers un impact positif.

Arcadie accompagne depuis 2019 les producteurs malgaches au changement de pratiques culturales.

Par exemple, à Madagascar, la culture de curcuma et de gingembre repose traditionnellement sur brûlis, une pratique qui détruit la vie sauvage et appauvrir les sols, rendant les terres infertiles après quelques années.

Les producteurs sont contraints d’empiéter sur des forêts primaires pour trouver de nouvelles terres et pouvoir continuer à produire, menaçant leur existence et leur biodiversité.

Arcadie a donc souhaité sécuriser des terres agricoles et soutenir les familles malgaches qui en vivent. En accompagnant les agriculteurs dans le changement de mode de culture des épices, ils sécurisent ainsi la production dont ils dépendent (épices & huiles essentielles) tout en aidant la préservation des terres et forêts locales.

Arcadie s’engage dans un soutien humain pérenne et vertueux et démontre ainsi qu’il est possible et viable de vivre dignement en cultivant ces surfaces :

  • l’entreprise rachète des terres qu’elle met à disposition d’environ 200 familles malgaches. 2 hectares sont alloués par famille : un pour la culture de rente, un autre pour la culture vivrière de la famille.

  • elle s’engage à racheter la production chaque année à condition que les pratiques vertueuses soient respectées (rotation des cultures, agroforesterie...).

  • elle forme les plus jeunes au métier d’agriculteur pour transmettre un savoir-faire sur plusieurs générations…

En adoptant des méthodes vertueuses, les agriculteurs préservent les ressources naturelles et les écosystèmes dont dépend leur activité, tout en améliorant leurs rendements, et assurant ainsi une prospérité économique à long termes.

Cette réussite illustre alors l’interdépendance entre la régénération des écosystèmes, la régénération sociale et le développement coopératif et pérenne d’une économie locale.

En formant les plus jeunes, Arcadie renforce ainsi la pérennité de ces pratiques et créant un cercle vertueux où chaque génération contribue à la résilience des écosystèmes et au développement économique local.

Alors concrètement, comment explorer et comprendre l’interdépendance au sein de mon entreprise et avec son environnement ?

La première étape consiste à adopter un nouveau regard et à me poser les questions suivantes, pour mieux appréhender cette dynamique.

  • Mon entreprise valorise-t-elle et assume-t-elle le fait d’entretenir des relations d’interdépendance avec ses parties prenantes ?

  • Que fait-elle pour les aider à grandir ?

  • Prend-elle en compte les services gratuits fournis par les écosystèmes vivants dans la liste de ses dépendances ?

  • Est-ce que je valorise et j’assume le fait que je suis dépendant de certains fournisseurs, de certains clients, de certaines expertises externes ?

  • Ai-je dressé la liste des ressources dont je dépends vraiment et de ce que cette dépendance implique ? (par exemple, je travaille dans le secteur de l’industrie pour fabriquer des machines en metal : je suis dépendant de l’approvisionnement en métaux certes, mais aussi de l’eau très largement utilisée pour refroidir les machines, du pétrole ou du gaz pour l’électricité de mes usines…)

  • Quels mécanismes sont en place dans mon entreprise pour que tous les salariés soient conscients de ces interdépendances ?

  • Est-ce que je connais suffisamment mes prestataires pour m’assurer qu’ils respectent les écosystèmes qui me rendent des services gratuits ? (gèrent-ils correctement leurs plantations, leurs forêts, leurs mines, leurs employés, leur consommation d’énergie, leurs produits polluants, etc) ? Quels sont leurs besoins, leurs craintes, les projets vertueux qu’ils n’arrivent pas à mettre en place ?

  • Comment puis-je restaurer une partie des ressources écosystémiques gratuites dont je bénéficie (replanter des arbres pour ceux que je coupe, laisser les écosystèmes se régénérer en adoptant un rythme responsable de pêche, de culture, investir dans des ONG qui travaillent sur la la protection de ressources que je dégrade…) ?